Je suis encore un homme jeune, de 31 ans qui présente un parcours un petit peu tortueux. Techniquement, je n'ai pas de formation de photographe, puisque je suis un docteur en biologie. Mais, comme bon nombre de mes collègues de galère, après huit années d'étude et le diplôme universitaire le plus élevé, impossible d'avoir un travail. Qu'à cela ne tienne, il en faut plus que ça pour m'arrêter. Je nourris une passion pour la photographie depuis mon adolescence. Grâce à un concours de circonstances, un peu de chance et beaucoup d'abnégation, je suis parti à l'aventure dans le monde de la photographie, exclusivement argentique. J'ai ainsi créé une boutique en ligne de vente de consommables, j'ai ouvert mon laboratoire aux clients exigeants, et je cultive également un travail d'auteur, intimement lié à la femme nue, que je partage parfois sur Sensual Photography et qui est surtout visible sur mon site web www.aurelienleduc.com.
Tout dépend de ce que l'on appelle photographie. J'ai tripoté mon premier appareil à 16 ans. Mais, jeune, je n'étais pas très assidu. J'ai vraiment commencé à en ressentir le besoin en 2003 ou 2004. C'est à cette époque que j'ai fait mes premières images avec un modèle, qui , au début était habillée. Évidemment.
La découverte du laboratoire Noir et Blanc, a été une vraie révélation (sic) pour moi ! Depuis, je ne vois plus qu'en noir et blanc.
C'est un moyen de m'échapper des soucis du quotidien, un moyen aussi de faire des rencontres avec des belles personnes. La notion maîtresse est le plaisir. Mon but c'est que les modèles prennent du plaisir à poser, puis à se découvrir, que le spectateur ressente une émotion en lisant l'image, et que moi j'ai aussi pris du plaisir à faire cette image. Le tout dans un climat de confiance avec la personne photographiée, confiance sans laquelle rien n'est possible. D'ailleurs une grande partie de mes modèles sont aussi devenues des amies.
Dois-je le préciser ?
Premièrement j'aime photographier des personnes. Une photo sans présence humaine m'ennuie vite.
Deuxièmement, j'aime photographier des femmes.
Troisièmement, j'aime qu'elles soient nues.
Quand je réunis ces trois conditions, je suis l'homme le plus heureux du monde.
Je cherche à partager une émotion. Quelle qu'elle soit. Quand une émotion se dégage d'une photo, c'est que celle-ci n'est pas complètement ratée…
Je cherche à partager ma sensibilité, ma vision monochrome de la sensualité, de l'érotisme…
Hum… vaste question …La sensualité, pour moi, englobe tout ce qui éveille les sens. Ça peut-être un plat cuisiné, de la musique, un texte, évidemment une photo. D'ailleurs pour moi on peut arriver à lier tous ces domaines.
Dans mon domaine de prédilection, la photographie de nu, la sensualité se définit comme une sorte d'érotisme classe, sobre, et surtout pas vulgaire, même pour des images explicites.
J'ai une admiration infinie pour Jean-Loup Sieff. Pour moi, c'est lui qui a fait les plus beaux nus, en tout cas, des nus sensuels comme je les aime.
J'aime également beaucoup Willy Ronis. Il a fait des nus qui me plaisent beaucoup, même s'ils ne représentent qu'une très petite part de son travail.
Malheureusement, Sieff nous a quittés beaucoup trop tôt, et Ronis, a tiré sa révérence après presque un siècle de vie passée à photographier. Deux hommes extraordinaires. Ils me manquent tous les jours.
Je n'aime pas préparer une séance. J'aime le spontané, l'instantané. Nous devons travailler, avec le modèle à partager nos émotions, et cela dépend des jours. Nous avons une vie, avec ses hauts et ses bas, cela influe sur la relation entre le photographe et le modèle. Il faut s'adapter tous les jours.
La seule façon que j'ai de préparer parfois une séance, c'est de me poser, avec mon modèle en début de séance. On s'assied ensemble, et je lui fais écouter de la musique qui me provoque des émotions. Je lui dis alors simplement : « tu vois, c'est ce style que je veux », après, elle est libre.
Je ne travaille qu'en argentique, souvent en moyen format. Le boitier importe peu, ce qui compte c'est d'abord d'être à l'aise avec son matériel, que celui ci soit le plus simple possible à utiliser, et qu'il sache se faire oublier. Ce n'est pas le matériel qui fait la photo, mais l'œil qui est derrière.
Alors pour répondre à la question précisément, je travaille le plus souvent avec mon Mamiya 7II, qui correspond parfaitement aux critères énoncés ci-dessus.
J'aime aussi travailler avec mes chambres 4x5 inch, mais là, on tombe dans le domaine de la slow photography, à contre-pied de notre société actuelle, j'adore ça.
Sans oublier mon superbe polaroid SX70…
Mais peu importe le matériel, je le répète. Seul compte le résultat.
Majoritairement, je travaille en films noir et blanc. La technique, elle est là, certes, mais c'est pour moi comme pour la conduite d'une auto. Elle est inconsciente. Au début oui, on y pense tout le temps, et puis ensuite, les choses se font machinalement, sans penser à la technique. Seule compte l'esthétique finale. Mais la technique reste essentielle si on sait l'oublier, car elle ne doit pas transparaitre.
Ma pratique de la photo évolue au gré de mes rencontres avec d'autres photographes.
J'ai la chance de côtoyer des photographes reconnus, comme Didier Carré, par exemple, ou Thierry Magniez. J'échange aussi beaucoup par courriel avec Sanders McNew, mais aussi avec les clients du labo, avec qui une vraie relation de travail mais aussi d'amitié entre passionnés s'est instaurée. Travailler les photos des autres, cela aussi fait évoluer.
Je crois que ma pratique évolue aussi avec l'âge. Ma sensibilité change, et donc je n'ai pas forcément envie de photographier toujours de la même façon.
L'internet est à la fois un média génial et dangereux. Optimiste de nature, et sûrement un peu naïf, je ne pense qu'au côté positif. L'internet a révolutionné le monde de la photo, puisqu'il est devenu extrêmement facile de montrer ses images, et ce, au monde entier. Malheureusement on ne voit pas que de belles choses et il faut trier !
L'autre atout du net, c'est qu'il a rapproché les personnes. J'ai rencontré physiquement des personnes que jamais je n'aurais connues sans le net. Que ce soit des photographes ou des modèles.
Internet est un superbe outil, mais il faut savoir s'en servir et ne pas en abuser, pour ne pas oublier la vie réelle.
J'attends que ce site me permette de découvrir d'autres photographes, de voir de belles images. Le fait que vous réalisiez l'editing des photos présentées, est un vrai plus, car cela permet une haute qualité d'ensemble.
J'en ai plein, mais il faut que je les classe par ordre de priorité… continuer à faire des photos, les exposer, les proposer à la vente etc… J'ai d'autres projets alliant musique, textes et photographies, mais c'est long à mettre en place. J'espère arriver à trouver le temps de mener à bien ce projet.
Un peu de sel ?